L’Eglise Saint Aubin

Histoire.
Le bourg de Fétigny fut illustre au Moyen Âge, par son château et plus encore par diverses industries : ses ouvriers drapiers notamment, signalés par Gilbert Cousin, auraient approché le nombre de 300. Une autre activité, immémoriale et très typique, a duré jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle: la foire annuelle aux domestiques tenue le lendemain de la fête patronale (saint Aubin, mars). Une coutume pittoresque de cette foire a laissé sa marque sur une clé de voûte de l’église : le «carquelin [craquelin, gâteau craquant] à bail», pâtisserie dessinant une sorte de nœud (un signe du lien réciproque entre l’embaucheur et l’embauché ?), consommé par les deux intéressés, équivalait à sceller leur contrat; déjà populaire à l’époque de l’église, ce gâteau a encore été confectionné, avec la même forme, par des personnes aujourd’hui vivantes.

La localité dépendait d’abord de la paroisse de Légna, où les seigneurs de Fétigny furent inhumés jusqu’au XVe siècle ; c’est vers la fin de ce siècle qu’ils firent construire l’église que nous voyons, entre le bourg et leur château. À l’époque de Rousset, se lisait encore dans le chœur la date de 1499; l’édifice conserve toujours une cloche de 1510. Guillaume de Fétigny, chanoine et prévôt de la cathédrale de Genève, mort en 1513 dans son pays d’origine où il s’était retiré de bonne heure, reçut l’honneur d’une sépulture devant le maître-autel pourrait avoir été un bienfaiteur éminent de l’église. Sa pierre tombale, émergeant du dallage aujourd’hui dressée à gauche sous le porche montre les armoiries de sa famille, de gueules à trois chevrons brisés d’or, reconnaissables au moins en sept points de l’édifice. Cet ensemble, comme l’évidente unité de style, supposent une construction relativement continue, quoique Rousset sans dire pourquoi juge la nef moins ancienne que le chœur. René Tournier, pour sa part, discerne à Fétigny une influence des chantiers bressans.

Une familiarité de prêtres fut fondée sans retard, puisqu’elle était approuvée par l’archevêque en 1520, mais ses titres périrent en 1636;  quant à la dédicace, elle eut lieu un 29 août. La cloche était d’abord suspendue dans un clocher-mur monté à la jonction de la nef et du chœur, dont la base est visible dans le comble ; le clocher actuel, œuvre de l’architecte lédonien Vittot, l’a remplacé en 1865. Les laves de la toiture ont disparu depuis assez longtemps pour que le souvenir en soit perdu; l’église est devenue succursale en 1843 .

Description.
Le beau portail inscrit dans un cadre rectangulaire un arc brisé à trois moulures, deux en amande de part et d’autre d’une en tore, montées sur des bases prismatiques enchevêtrées. Au sommet de l’arc, tenu par une corde de pierre fixée par un clou de même, semble se balancer le blason des Fétigny ; la porte ferrée de gros clous à tête pyramidale serait-elle d’origine ? La nef se limite à deux travées voûtées d’ogives, reposant sur une paire de colonnes médianes et deux de colonnettes aux angles ; les retombées en pénétration, comme les bases des colonnes engagées, répondent bien aux années 1500.

Après l’arc triomphal en cintre brisé, le chœur se rétrécit assez nettement, mais conserve la même structure disposée sur une travée puis une abside à trois pans; à l’entrée comme au fond, les colonnettes d’angle sont seulement remplacées par des culots. L’unité est encore affirmée par les formerets qui règnent partout ; par le profil identique des ares, amincis sur chaque face par un cavet par le dessin des fenêtres relativement modestes et terminées en trilobes simples. Deux lavabos s’ornent d’une accolade élémentaire, sans moulure ; l’ensemble révèle un flamboyant solide mais fort discret.

Aux quatre clés, se retrouvent les armoiries aux trois chevrons, parfois en écus «partis» (correspondant à un mariage) ; au chœur, avec un entourage tressé, complété du «carquelin à bail». Au sud du chœur, l’ancienne chapelle seigneuriale, à deux travées voûtées comme le vaisseau (aujourd’hui cloisonnée, et les nervures en partie tombées), possédait une ouverture en biais tournée vers l’autel.

Cette chapelle, ajoutée à l’édifice, car elle empiète sur un contrefort de l’abside, s’étendait vers le sud par une annexe dont l’ancrage de la voûte en plein cintre et le toit de laves restent visibles dans sa paroi extérieure; elle est aussi le seul endroit qui comporte une fenêtre à meneau, à l’est. La toiture de petites tuiles, soulignant le décrochement du chœur conserve encore à cet endroit quelques rangs de laves. Joignant le deuxième contrefort du côté nord, une porte (murée), apparemment du XVIe siècle, avec son bénitier, atteste une entrée latérale dont il est risqué de tirer quelque conclusion sur l’histoire de l’édifice.

Cette église simple et harmonieuse, passablement méconnue, rappelle à sa manière l’ancienne vitalité qui fit le renom de Fétigny

 

 

 

 

Partager sur les réseaux sociaux :