Le Valzin est la rivière qui traverse le territoire des quatre communes réunies en cette nouvelle entité : Valzin en Petite Montagne. Son chevelu est constitué des nombreux ruisseaux qui grossissent son cours, toute cette eau rejoint la Valouse au pont de Chatonnay.
Morphologiquement, l’eau sourd sur un banc de marne qui ondule autour de 430 mètres et 460 mètres qui affleure des dépôts qui le recouvrent par des zones humides ou des « terras ». dans ce cas la source est quasi permanente même si l’évolution climatique produit des « a sec » là où l’eau semblait toujours couler. Des précipitations importantes nourrissent quelques sorties intermittentes plus en hauteur. Les ruissellements sont recueillis dans des talwegs ( vallon en V) qui précèdent parfois les sorties permanentes – c’est tout le charme plein de surprise du karst. Quant aux cours, en période d’étiage, certains disparaissent dans le tuf qu’ils ont engendré.
Cette dépression part du lavoir de La Villette jusqu’au cirque de la pierre Enon au pied d’affleurements calcaires qui la dominent par ses falaises, rive gauche de la Valouse, plein est.
Si le lit majeur, le Valzin, conserve son nom tout le long de son cours, il n’en est pas de même pour ses affluents. Plusieurs changent d’identité à chaque confluence d’importance. C’est cette particularité amusante, non reprise dans les cartes officielles mais connue des anciens que je vais vous présenter avant que la mémoire s’en perde. Et peut-être serez-vous motivé pour les visiter.
Le Valzin ayant un cours nord-est, sud-ouest, commençons par le plus au nord, le Biserand (souvent écrit Bizerand ou même Brizerand). Dans ce cul de sac que domine le château de La Villette plusieurs sources l’approvisionnent: la source close qui fournit un apport pour l’alimentation de Sarrogna même si l’essentiel de l’eau potable sort de la station d’ultrafiltration sise entre Villeneuve et Nermier, un peu plus haut la source intermittente qui dévale du bois au bord de la RD 80, enfin les eaux drainées par le talweg dans l’épingle si glissante en hiver. En face, au pied du château, des puits et une zone humide recevant les ruissellements des deux dépressions qui bordent l’ouvrage démarrent le ruisseau de Grand Pré grossi par deux sorties superposées (visibles du sentier qui longe le pré en bordure du bois, c’est la réserve à écrevisses à pattes blanches). Ces eaux confluent dans le pré et sont grossies par le ruisselet de Combe Moulin qui traverse la RD 80 pile à la limite entre les anciens cantons d’Arinthod et d’Orgelet. Mais le Biserand, malgré tous ces apports, s’assèche tous les étés piégeant quelques truitelles dans ses creux. Il renaît par l’apport rive droite d’un court ruisseau « les Fontenelles » et ce mélange change de nom pour devenir « les Brayes » (à prononcer comme ill). Il reçoit rive gauche, « la Blancherie » au cours totalement rectifié par le remembrement dont le nom évoque l’activité drapière médiévale qui a fait en son temps la richesse de Fétigny (c’est le ruisseau qui passe sous le lavoir). Le cours se termine dans le pré des deux ponts en amont de la tournerie Bon et c’est quasiment le seul apport de la rive droite, tout le reste s’écoule du chaînon au dessus des villages culminant à 843 m au dessus d’Arinthod.
La rive gauche reçoit vers la chapelle la source de la Charne, un débit limpide et régulier capté pour alimenter les stabulations du GAEC des « incorruptiblement vert » puis le ruisseau de la Combe issu du creux de Fosse Vernier qui longe le chemin d’exploitation des fermes. De la rive pentue qui suit suintent quelques filets des lieux-dits « les Mouillards » et « La Gesse ».
Le ruisseau des Sauges « percole » de plusieurs sorties en fonction de la pluviométrie et finit sa course près du pont de Provent. C’était jadis une réserve d’écrevisses que je fréquentais avec mon oncle « Riquet ».
A Légna, la source de Laval est captée et son trop plein s’écoule dans un lit bucolique : le ruisseau de Laval. Dans la montée du plateau de Romont un captage emmène de l’eau au niveau de la fromagerie et de la porcherie et cet ensemble forme le lit de La Marchère qui traverse la RD 80.
De même à Agea la source est captée et c’est en dessous du village que court le ruisseau d’Agea qui rejoint la Marchère.
Du cirque de la Pierre Enon, outre les puits qui alimentent le réservoir d’Arinthod se réunissent différents filets pour former le ruisseau de Valcombe ou Valcombat qui cascade jusqu’au dessus de Givria où il se mélange à la Marchère pour donner Le Pilandre, un cours poissonneux que je venais pêcher quelquefois depuis Fétigny, toute une expédition! De Givria le Valzin ainsi grossi clapote vers la Valouse mais ses colères le font submerger la route qui le borde.
Quittons cette anecdote toponymique pour un regard plus responsable: voilà sur une zone de sept kilomètres des écoulements stratégiques pour l’alimentation humaine. Si la source du Biserand n’est qu’un appoint pour Sarrogna, les sources du Valzin, de Laval, d’Agea et du cirque de la Pierre Enon sont capitales pour une population qui dépasse le cadre du bassin du Valzin jusqu’à Marigna, La Boissière et les villages de la commune de St Hymetière sur Valouse donc plus de deux mille habitants dépendent de cette ressource. De part et d’autre, le Bief du Chanois au nord, l’Ancheronne au Sud soulignent l’exceptionnelle densité d’émissaires sur notre zone. Tant sur le plateau de Sarrogna que sur la plaine de St Hymetière, les écoulements n’ont généralement pas la qualité et le débit suffisant pour remplir ce rôle. Aussi soyons attentifs à tout ce qui affecte le réservoir que constitue notre montagne. C’est évidemment une bonne chose d’avoir redynamisé le marais du lac de Viremont, un stockage indispensable. Attention aux travaux forestiers, aux engins divers qui parcourent cet espace car ils circulent sur un karst!
A chacun de protéger ce bien commun!
Décembre 2024
Jean Troupel
La carte ci-dessous vous permettra peut-être de mieux situer tous ces lieux:
Vous pouvez avoir une vision plus large en cliquant sur le lien suivant :
Cartographie des cours d’eau du Jura
et en saisissant Valzin dans la zone de recherche.