Le Valzinien du mois : André Vuitton

 

 

VePM – Bonjour, une petite présentation pour commencer ?

AV – André Vuitton, d’Agea, que beaucoup connaissent par le surnom qui m’a été donné il y a bien un demi-siècle : “Le Bouc”. Je suis né en 1935 à Lavans-Sur-Valouse au foyer de Gabriel et Madeleine Vuitton. Je suis le numéro 3 dans une famille de 11 enfants, rien que ça !

VePM – Parlons de ton enfance.

AV – J’ai passé mes jeunes années à aider mon père dans la ferme familiale, notamment dans le dressage de taureaux destinés au commerce de bestiaux. Puis je suis parti faire un CAP aux Tanneries à Lons. De nombreux Jurassiens connaissent aussi ce lycée du bâtiment par son fameux surnom : “Le Tanne”, qui est devenu aujourd’hui Le Corbusier.

VePM – Pourquoi avoir choisi la formation maçonnerie ?

AV – A l’époque, on ne choisissait pas notre formation tout de suite. On pratiquait 15 jours dans un métier, 15 jours dans un autre, et ainsi de suite… Et au bout du compte, il fallait faire un seul choix parmi ceux-ci. Ma particularité, c’est que j’ai choisi maçon tout simplement parce que j’ai suivi un copain qui voulait faire cela !

VePM – Donc pas très impliqué au premier abord ?

AV – Au premier abord peut-être, mais ça m’a vite plu ! Tant et si bien qu’au moment de l’épreuve finale, car il fallait bien passer la pratique au bout de la formation, c’est moi qui ai terminé premier. On avait 5 jours pour construire un mur et je l’ai fini 1 jour plus tôt que les autres.

VePM – Quelle est l’entreprise où tu as débuté ta carrière ?

AV – La maçonnerie Chevron de Sancia m’a fait embaucher dans une entreprise italienne à Oyonnax durant 3 ans. C’était la grande époque des HLM ! Puis je suis parti à l’armée en Algérie en 1956. A mon retour, j’ai intégré l’entreprise Chevron d’Arinthod, 3 ans également. Et enfin, je me suis mis à mon compte le 11 février 1961.

VePM – Bien qu’originaire du sud d’Arinthod, tu es venu t’installer de l’autre coté, vers chez nous. Une raison ?

AV – Danielle, mon épouse, et moi avons d’abord loué un logement à Savigna. Mais surtout, j’ai été attiré par cette partie Nord d’Arinthod, car les tourneries et les fermes y étaient plus importantes, donc plus demandeuses de travaux.

VePM – Il y avait aussi du travail chez les particuliers, je suppose ?

AV – Bien sûr, les constructions de maisons allaient bon train. Et il y avait aussi du boulot dans les anciennes, car le réseau d’eau venait d’être mis en place, ce qui a engendré de nombreuses créations de salles de bains. Si mes comptes sont bons, j’ai dû participer à la construction de 22 maisons sur Agea, Légna et Montadroit dans les années 70 et 80.

VePM – Parlons de la construction de ta maison à Agea.

AV – Faite par moi-même, cela va de soi. Nous avons habité Agea en juillet 1972, l’année du remembrement de la commune. Paul Parisot, le maire de l’époque, nous a proposé une parcelle du tout récent lotissement en bas du village. (1,73 F le mètre carré si mes souvenirs sont bons !) Premiers arrivés, premiers servis, nous avons choisi de bâtir à la toute nouvelle entrée du village, coté Arinthod.

VePM – Et donc, une fois implanté à Agea, le travail aux alentours était suffisant ?

AV – Ah, mais je ne me suis pas limité à la Petite Montagne, j’ai énormément travaillé aussi du côté de Moirans, Vouglans où les tourneries marchaient tellement qu’elles s’agrandissaient toutes et me procuraient 4 mois de boulot par an ! J’ai embauché jusqu’à 8 ouvriers sur une bonne période.

VePM – Pour une retraite, je pense, bien méritée et bien occupée ?

AV – J’ai pris ma retraite en 1995, l’année de mes 60 ans mais je n’ai pas attendu ce moment-là pour avoir d’autres occupations. Bien avant déjà, j’avais une vie bien remplie : j’ai été conseiller municipal pour la commune de Légna durant 3 mandats, dont 2 mandats d’adjoint avec le maire Paul Parisot, et un mandat d’adjoint avec le maire Louis Paget.
J’ai été longtemps chasseur, ramasseur de champignons, j’en ai passé des moments au bois, plus précisément dans la forêt d’Agea.
Enfin, j’ai toujours eu la passion du foot. J’ai été un fidèle supporter de l’AS Arinthod, j’ai même été vice-président du club dirigé alors par Maurice Besson, l’emblématique président de l’ASA.

VePM – Une anecdote : je me souviens, petit, des maillots de foot jaunes qui ont souvent séché sur les fils de l’étendoir à linge dans votre jardin…

AV – Oui mais c’était pas moi qui étais de corvée de lessive, c’était madame…

VePM – En parlant d’anecdote, en aurais-tu 2 ou 3 à nous raconter pour conclure ?

AV – Je pourrais parler de notre mariage qu’on a fêté le 20 août 1960 chez la Vitaline à Brillat. A l’époque, les premières rumeurs évoquaient déjà la construction d’un barrage dans la vallée de l’Ain, mais jamais on aurait imaginé que 8 ans plus tard, le village de Brillat serait rayé de la carte…
Il y a aussi une anecdote sur le lycée des Tanneries à Lons dont j’ai parlé au début. Il fallait savoir qu’on restait là-bas les samedis et dimanches. On ne rentrait à la maison que pour les vacances. Mais en contrepartie, le lycée étant alors situé Rue du stade municipal, j’ai eu la chance de pouvoir assister aux grandes courses cyclistes qui se disputaient le week-end sur le vélodrome autour du stade, avec notamment les duels entre le champion local du moment Adolphe Deledda et Louison Bobet en personne.
Enfin, pour finir sur une pointe d’humour : quand nous allions, gamins, acheter ou vendre des taureaux à Orgelet, c’était à pied à l’aller comme au retour. On avait la santé ! On était de tels marcheurs qu’un jour, en rentrant, c’est le taureau qui n’avait pas pu tenir notre cadence, et qui avait flanché dans la côte de Chemilla ! Couchée, la bête !!!

VePM – Merci pour ce bon moment. C’était un plaisir de pouvoir parler de tout ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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