Ce que l’on disait de notre village…

Extrait du Dictionnaire  GEOGRAPHIQUE, HISTORIQUE et STATISTIQUE des communes de la Franche-Comté De A. ROUSSET Tome III  (1854) 

Savigna, Saviniacum, Savignasur-Valouse, Savigna-lez-Ugna, vg. de l’arr. de Lons-le-Saunier ; cant., percept. et bur. de poste d’Arinthod; succursale ; à 6 kil. d’Arinthod et 30 de Lons-le-Saunier.

Altitude : 358″. Les communes d’Ugna et de Gevria ont été réunies à celle de Savigna le 14 août 1822.

Le territoire est limité au nord par Chambéria et Sarrogna, au sud par Chatonnay et Arinthod, à l’est par Légna, Fetigny et Sarrogna, et à l’ouest par Marigna et Chatonnay.

La Papeterie et le Moulin font partie de la commune.

Il est traversé par le chemin de gr. com. n° 32, d’Orgelet à Arinthod ; par les chemins vicinaux tirant à Arinthod, Messia, Fétigny, Chambéria, Marigna, Légna, d’Ugna à Chatonnay, Gevria et Chambéria, de Gevria à Chatonnay et Légna ; par la Valouse et ses canaux de dérivation ; par le Valouson, le bief d’Agea, le Valsin et ses canaux, le bief Taquand, et par plusieurs torrents. · Le village est situé dans le bassin de la Valouse.

Les maisons, disposées par groupes, sont pauvrement bâties en pierre et couvertes en tuiles creuses ou plates, sauf 20 qui ont leurs toitures en chaume.

Le site d’Ugna est très agréable ; il domine tout le bassin de la Valouse.

Pop. en 1790 : de Savigna, 226 hab.; d’Ugna, 190, et de Gevria, 98; pop. réunie en 1846, 412hab.;

en 1851, 409, dont 198 hom. et 211 fem.; pop. spécif. par kil. carré, 40 hab. ; 99 maisons, savoir : à Savigna, 45. à Ugna, 36, et à Gevria, 18; 99 ménages.

Les plus anciens registres de l’état civil remiontent à 16 17. Les jeunes gens émigrent en grand nombre pour être domestiques ou ouvriers dans les grandes villes, notamment à Lyon et à Paris.

  Cadastre exécuté en 1830: surf. territ. 995″ divisés en 4119 parcelles que possèdent 400 propriétaires, dont 228 forains ;surf. imp. 97O”, savoir : 557 en terres lab., 166 en prés, 144 en pâtures, 10 en friches, 2″ 86° en sol et aisances de bâtiments, 2″ 82° en broussailles, 2″ 51° en jardins, 1″ 93″ en murgers et gravières et 69″ en friches, d’un rev. cad. de 16,436 fr.; cont. dir. en princip. 2580 fr.

 Le sol, partie en plaine et partie en montagne, est peu fertile et produit du blé, de l’orge, de l’avoine, beaucoup de maïs, des pommes de terre, du chanvre, du foin, peu de légumes secs, de fruits, de vin et de fourrages artificiels. On exporte le septième de la récolte des céréales et on importe presque tout le vin. Le revenu réel des propriétés est de 2 fr. 50 c. pour 0/0.

On élève dans la commune beaucoup de mulets, des bêtes à cornes, des moutons, des volailles et quelques porcs ; 20 ruches d’abeilles.

On trouve sur le territoire de la marne non exploitée, d’abondantes sablières et de la mauvaise pierre ordinaire à bâtir.

Les habitants fréquentent les marchés d’Orgelet et d’Arinthod.

Leur principale ressource consiste dans l’agriculture et l’élève des mulets et des moutons. Ils ne sont pas dans l’aisance.

Leur obstination à cultiver plus de terre qu’ils n’en peuvent fumer cause leur ruine.

Il existe trois moulins à farine à 3 paires de meules et un battoir à blé. Il y avait autrefois plusieurs foules à drap et une papeterie.

Biens communaux : une église avec un cimetière à l’entour ; un presbytère très ancien, attenant au cimetière ; une fontaine avec lavoir et abreuvoir.

au hameau d’Ugna; trois places publiques et 126o 52° de pâtures, friches et terres, d’un rev. cad. de 419 fr.;

la section de Gevria a 64″ de pâtures et terres, d’un revenu  de 283 fr., et Ugna, 34″ de murgers, friches et pâtures, d’un revenu. cad. de 59 fr.

Bois communaux :  si l’on en croit M. Béchet, existait déjà en 642. Ne connaissant point le titre sur lequel cet historien a fondé son opinion, nous nous dispenserons d’en faire usage. Nous n’avons rencontré le nom de ce village, non plus que ceux d’Ugna et de Gevria, dans aucune charte antérieure au xIII° siècle.

Nous devons dire cependant qu’au Marteret et à l’Archat, il n’est pas rare de rencontrer des tombeaux en pierre sèche, renfermant des squelettes humains d’une grande dimension, ce qui nous reporterait à l’époque des invasions qui ont précédé ou suivi de près la chute de l’empire romain, et que la contrée des Chaseaux, à Ugna, est jonchée de débris de constructions.

Un chemin très ancien, appelé la Route, le Perroud ou la Vie marchande, partait de Fétigny et passait à Gevria et Chatonnay pour aller rejoindre la route de Lyon qui passait à Pont des-Vents.

Seigneurie de Savigna.

Savigna faisait partie de la seigneurie de Nancuise et n’en fut démembré qu’au xvIII° siècle. Les sujets n’étaient pas mainmortables, mais ils étaient assujettis à des cens assez lourds, à la banalité du four, de la foule à drap et du moulin et à des redevances de diverses natures.

Seigneurs.

Henri-Gaspard de Grivel-Perrigny, seigneur de Nancuise, vendit, le 4 novembre 1731, les villages de Savigna, Marzenay et partie de celui d’Ugna à Jacques Monnier d’Orgelet.

Le prince d’Isenghien, appelé à donner son consentement comme suzerain, voulut exercer son droit de retenue féodale et le céda, en ce qui concernait Savigna, à Aimé-François, marquis de Balay, seigneur de Marigna. Les biens de M. de Balay s’étant vendus par décret, en 1747, au bailliage de Lons-le-Saunier.

M. Marie-Laurent Monnier, procureur du roi au bailliage d’Orgelet, se rendit adjudicataire de Savigna et mourut deux ans après, laissant de Marie-Claudine Clerc, son épouse, Marie-Jacques-Félix, Jean-François-Balthazar, ClaudeLaurent et Claude-Antoine Monnier de Savigna, ses fils, qui lui succédèrent. Claude-Laurent embrassa l’état ecclésiastique et fut condamné à la déportation par le tribunal révolutionnaire, et Claude Antoine mourut jeune sans laisser de postérité.

Marie-Jacques-Félix Monnier donna, par préciput, la terre de Savigna à Jacques-Félix Monnier, son fils, capitaine d’infanterie au régiment des Deux-Ponts, lors de son mariage contracté à Arras, le 28 avril 1788, avec Melle Adélaide Madeleine Linard. Cet officier ayant émigré en 1792, ses biens furent vendus nationalement.

La maison féodale qu’habitait la famille Monnier à Savigna existe encore. Elle est flanquée d’une † dans laquelle se trouve l’escalier.

Fief de sergenterie.

La sergenterie de Savigna était inféodée à une famille noble qui portait le nom de ce village. Jacques de Savigna donna, en 1249, sa portion de dimes dans la paroisse de Dompierre au prieuré de Saint-Georgeslez-Présilly.

Seigneurie de Gevria.

Gevria épandait en toute justice de la seigneurie de Vallefin-sur-Valouse et n’en fut démembré qu’au xvI siècle. François de Toulongeon, écuyer, tant en son nom qu’en ceux de Pierre et Gaspard de Toulongeon, ses fils, vendit ce village, en 1565, avec tous ses droits sur Ugna, Morges et la Boissière, à Philibert d’Ugna, écuyer, qui les annexa à son fief d’Ugna. Le roi d’Espagne Philippe II permit alors, par lettres patentes datées à Bruxelles le 18 novembre 1572, à Philibert d’Ugna, de faire ériger à Gevria un signe patibulaire à deux colonnes sur le Molard du Chêne, pour l’exécution des criminels et comme marque de sa haute justice.

 Fief de Vaucluse.

Marie de Vaux donna, en 1383, aux chartreux de Vaucluse, différents cens et des biens immeubles sur Givri (Gevria), Vallefin, Agea, Savigna et Montadroit, avec la basse justice dont elle jouissait. Les chartreux voulurent, en vertu de cette donation, exercer la basse justice sur leurs consitaires de Gevria, mais ils en furent toujours empêchés par les seigneurs de Vallefin.

Evénements divers.

Au mois de juin 1782, un ouragan d’une violence extrême gronda dans le bassin de la Valouse, renversa 28 maisons tant à Ugna qu’à Savigna et ne laissa pas une seule toiture debout.

Eglise de Savigna. Située contre le revers occidental d’un coteau, elle domine le village et est dédiée à saint Didier, évêque de Langres, dont on célèbre la fête le 23 mai. Cet édifice se compose d’une nef, d’un chœur, d’un sanctuaire rectangulaire, de deux chapelles formant croix latine avec la nef, d’une sacristie et d’un clocher qui n’apparaît qu’au-dessus des combles entre le chœur et la nef. Le clocher, aussi large que la nef, est surmonté d’une belle flèche octogonale en maçonnerie, cantonnée de quatre clochetons aussi en pierre. La porte d’entrée est du style ogival. La chapelle à droite de la nef a sa voute ornée de nervures qui retombent sur d’élégants piliers cylindriques engagés dans les murs. Elle est éclairée par une belle fenêtre géminée. La chapelle à gauche est encore d’une architecture plus riche que la précédente.  A ses quatre angles sont quatre pilastres dont les chapiteaux sont ornés d’écussons. Cette chapelle est éclairée par une charmante fenêtre du style de transition, divisée en trois compartiments par des meneaux et contenant dans sa partie supérieure une gracieuse rose. Des verrières de couleur, très anciennes, représentent des scènes du Nouveau-testament. Ces deux chapelles communiquent avec la nef au moyen de deux arcades ogivales dont les clefs sont ornées d’armoiries. L’une d’elles appartenait à la famille d’Ugna et l’autre aux seigneurs de Nancuise. On remarque dans cette église deux belles statuettes en marbre blanc représentant saint Pierre, apôtre, et saint Didier, évêque.

 

 

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