Ce que l’on disait de notre village… A Rousset

Extrait du Dictionnaire GEOGRAPHIQUE, HISTORIQUE, et STATISTIQUE des communes de la Franche-Comté par A. ROUSSET Tome III (1854) pages 104 et suiv.

Toponymie ancienne : Feostingum, Fetignacum, Fistigna, Fystigna, Festigny, Futigny, Fétignie…

Situation :

Village de l’arrondissement de Lons le Saunier, canton, perception, bureau de poste d’Arinthod. Succursale érigée le 15 février 1843.A 7 km d’Arinthod et 31 km de Lons. Altitude 450 m

Le territoire est limité au Nord par Sarrogna, au Sud par Légna, à l’Est par Viremont, à l’Ouest par Savigna.

Lieux-dits : Le Moulin, chez les Babey, chez Borod, la Teinture, le moulin Bouillout, le moulin des Bois. Il est traversé par la route départementale N°9 d’Orgelet à Nantua et à Bourg ; chemin vicinal tirant à Savigna et à Montadroit.

Le ruisseau « Dessous la Roche » y prend sa source et rejoint celui de Biserand ou Brisserand. Le village est situé dans le bassin de la Valouze au fond d’une gorge. Les maisons sont alignées au bord de la route d’Orgelet à Arinthod et comporte généralement un étage. Les toits sont soit en pierre, soit en tuiles plates ou creuses, soit encore en chaume. Les arbres fruitiers y sont nombreux. M. Bélamy de Besançon y possède une belle demeure.

Population

1790 : 255 habitants 1846 :235 1851 : 250 (136 hommes 114 femmes) soit 76 h/km2 56 maisons et autant de ménages.

Registres paroissiaux de 1733 à 1757 5Mi 466

Etat-civil en mairie depuis 1793 AD: 5 Mi 466 5 Mi 467 5 Mi 1231 tables décennales 5 Mi 5 5 Mi 1183 pour les mariages an VII et an VIII voir Arinthod.

Les jeunes gens émigrent pour être domestiques à Lyon ou à Paris.

Cadastre :

Exécuté en 1830. env. 330 Ha divisés en 1640 parcelles réparties sur 150 propriétaires dont 68 forains. 66 ares de jardins.

Le sol est montagneux et raviné et d’une fertilité moyenne ; productions très diversifiées : blé, orge, peu d’avoine, maïs, légumes secs, betteraves, pommes de terre, chanvre, beaucoup de fruits, vin rouge assez agréable mais on importe 2/3 de la consommation) , foin et fourrages artificiels. L’élevage porte sur les bêtes à cornes, les mulets, les chèvres, les moutons et les volailles, quelques cochons. 40 ruches d’abeilles.

L’agriculture reste traditionnelle et n’a pas encore été touchée par les progrès. Sol : marne de bonne qualité, sablières, gravières, carrières de bonne pierre à bâtir et de pierre de taille de couleur jaune veinée imitant le marbre et susceptible d’être polie. Le tuf y est aussi abondant (utilisé dans la construction des cheminées).

Foire

A la St Aubin, le 2 mars la foire annuelle est très réputée notamment pour les mulets et les bêtes à cornes. 600 bêtes vendues en moyenne.Les domestiques s’y présentent aussi à la recherche d’une embauche.Les habitants se rendent par ailleurs aux marchés d’ Arinthod et d’Orgelet.

Autres activités :

Un moulin à farine à 4 paires de meules et 2 battoirs à blé, 2 autres tournants, une scierie à une lame, une foule à 1 battoir.

Un cordonnier, un couvreur, 2 menuisiers, 2 aubergistes, un marchand mercier.

Certaines familles complètent leurs revenus par la tabletterie, le travail du buis et fabriquent des articles dits « de St Claude ».

Biens communaux :

Une église et son cimetière alentour, un presbytère datant de 1836, une maison commune contenant la mairie, la salle d’étude et le logement de l’instituteur qui enseigne en hiver à 30 garçons et 20 filles, une fromagerie qui produit annuellement 7 tonnes de fromage « façon gruyère ».

Une chapelle est dédiée à Notre Dame de Lorette et un oratoire est dédié à saint Jean Baptiste.

Trois ponts ; deux places ombragées de tilleuls fort anciens.

Une centaine d’Ha de pâtures, friches, murgers et bois dont 2 à 3 Ha sont coupés tous les 2 ans. Recettes et dépenses s’équilibrent pour la somme de 1450 Fr

NOTICE HISTORIQUE

Si Fétigny fut un bourg célèbre et important au Moyen-Age, avec château imposant protégé par d’épaisses murailles, ce passé glorieux est partout caché sous la cendre…

Le château avait sans doute succédé à une redoute gallo-romaine et on a trouvé de nombreuses médailles à l’effigie de Marc-Aurèle, Gordien, Antonin le Pieux, …des restes de tombeaux anciens couverts de dalles et contenant des squelettes de grande taille, une plaque de métal doré représentant une déesse assise sur un char et escortée de deux personnages.

Plus ancien encore, était vénéré un menhir haut de 10 pieds dénommé pierre de Vèvre (un rapport avec la Vouivre ?) ou pierre Couqueresse. « Festum ignis » pourrait évoquer un culte du feu ou du soleil, selon certains ?

Une charte de 941 cite déjà « Feostingo » comme possession de l’abbaye de Saint Maurice d’Agaune.

Seigneurie

Elle s’étendait au Moyen-Age non seulement sur le château et le bourg de Fétigny mais débordait sur Montadroit, Légna, Chambéria, Ugna, Marsenay, Chavéria, Céséria…

Le seigneur exerçait haute, moyenne et basse justice par l’intermédiaire d’agents fort nombreux : bailli, juge châtelain, procureur, greffier, huissiers, sergents, gardes champêtres et forestiers. Sur la colline des « Fourches » (patibulaires), deux colonnes et deux panonceaux rappelaient le risque d’exécution qui requérait la présence de tous les sujets en armes.

D’autres officiers seigneuriaux avaient en charge la police des chemins, des ponts, des cheminées, percevaient les taxes sur le pain et le vin, contrôlaient les poids et mesures, accordaient ou non le droit d’habitandage aux nouveaux venus, contrôlaient l’élection des prud’hommes qui devaient prêter serment à chaque avènement de nouveau seigneur…

Sous les ordres du capitaine du château, ils organisaient la milice, les montres ou revues d’armes, le guet et la garde, l’entretien des fortifications.

Le seigneur imposait d’un écu tous les ménages en cas de nouvelle chevalerie, voyage outre-mer, rançon , mariage d’une fille. Il avait sa réserve et ses parcs et bergeries séparés des communaux, exclusivité de chasse et pêche, revenus des chapelles, grands bois, moulins et four banaux, et il percevait des taxes aux foires et marchés et des droits sur le sel , le tabellionnage, les ventes de biens. Tout ceci en plus du cens en argent et en nature.

Les seigneurs de Fétigny

Signalés dès le XIIème s.,ils étaient issus d’une branche cadette de la maison de Dramelay.

Mais Fétigny fut inféodé à la maison de Chalon qui l’inféoda à son tour à Jean de Viremont, écuyer, en 1269. Certains de ses descendants furent inhumés dans l’église de Légna.

Pierre de Fétigny fit carrière dans l’église, devint en 1378 conseiller-clerc au Parlement de Paris, et fut promu cardinal en 1383. Il meurt et est inhumé en 1390 à Avignon au milieu du chœur du couvent des Célestins à côté du Pape Clément VII.

Etienne de Fétigny était aussi au service du Pape et mourut à Bologne où il fut inhumé sous une pierre de marbre dans le cloître de l’église St Dominique.

Garnier de Fétigny servit en la compagnie de Jean de Chalon comte d’Auxerre sous les ordres de Bertrand Du Guesclin puis s’engagea au service du Duc de Milan, ville où il mourut.

Humbert de Fétigny et son épouse furent aussi inhumés dans l’église de Légna. Leur fils Jean devint archevêque de Chartres et fut tué en 1432 lors de la prise de cette ville par le duc d’Orléans. Il repose dans le couvent des Jacobins de cette cité. Un autre fils, Pierre, mourut à Avignon où il assumait de hautes charges auprès du Pape . Isabelle épousa Huguenin de Sugny de Montmorot et fut inhumée dans l’église des frères mineurs de Lons le Saunier.

Guillaume participa à une croisade et devint premier écuyer de Louis de Chalon, et seigneur d’Orgelet ; il mourut en 1426 et fut inhumé lui aussi dans l’église de Légna. Ses enfants qu’il eut de Jeanne, fille du seigneur d’Arbent et de Coisel, firent carrière : François étudia le droit, fut comte et chanoine de St Jean de Lyon puis prévôt de St Pierre de Genève, puis trésorier de Notre Dame de Lausanne. Hugues fut abbé de Tournus pendant 44 ans et il est inhumé dans ce monastère.

Louis choisit la carrière des armes et commandait une troupe de 100 hommes au service du duc Philippe le Bon pour lequel il fit le siège de Belleville près de Lyon où il fut mortellement blessé ; son corps fut rapatrié à Légna…

La terre de Fétigny passa ensuite au gré des mariage à d’autres familles (dont les Laubespin, seigneurs de l’Aigle puis les Battefort…).

Elle échut pour finir aux Maisod du Pâquier seigneurs de la Villette qui la possédaient encore au moment de la Révolution.

Armoiries

« de gueules à trois chevrons brisés d’or» On conseillera aux amateurs le site Héraldique Noblesse pour obtenir plus de détails.

Bourg et château 

Pris et aussitôt démoli par les Français en 1639, le manoir fut définitivement rasé en 1819 et il n’en reste que les caves ; le fossé qui l’entourait et qui était rempli d’eau a lui aussi disparu.

Le bourg était lui aussi fortifié de murailles percées de trois portes.

Il s’y tenait un marché hebdomadaire (le lundi) sous des halles centrales qui attirait les foules de fort loin ainsi que les deux foires annuelles à la St Martin et à la St Aubin.

Les bourgeois bénéficiaient d’une charte de franchise accordée par Jean de Viremont en 1280 et assistaient aux offices dans l’église châtelaine (succursale de Légna) dédiée à l’évêque St Aubin.

L’activité du bourg était intense : toiles et draps occupaient 300 compagnons qui avaient droit au port de l’épée.

L’eau des ruisseaux alimentait blanchisseries et ateliers de teinture et les textiles de Fétigny s’exportaient jusqu’en Suisse et même dans le Midi. Cette eau servait encore pour une papeterie, des moulins, des battoirs, des clouteries, des martinets…

Près d’un étang ou lac aujourd’hui disparu, une tuilerie exploitait la marne locale. La première destruction avec pillage et incendie fut le fait des troupes du marquis de Villeroy en août 1639 et le bourg resta vide d’habitants pendant 8 ans.

Il commençait à peine à sortir de ses cendres quand il fut saccagé à nouveau le 24 février 1674.

Maladrerie

Thiébaud de Fétigny avait fondé hors les murs un hospice pour les lépreux encore appelé « Malatière » auquel était joint un cimetière réservé à ces malades « lieu-dit La Croix aux Morts », cantonnés dans des loges en bois au lieu-dit « les Cabornes ».

Eglise

Située à l’extrémité sud-ouest du village, elle est orientée et comporte un chœur, une nef et une sacristie. La porte d’entrée est ogivale et surmontée d’un écusson avec armoiries. La nef est plus récente que le chœur mais de même style. Des armoiries ornent la jonction des nervures de voûtes.

A droite du chœur se trouvait la chapelle seigneuriale, séparée par une grille artistement ouvragée. Mais les seigneurs de Fétigny possédaient deux autres chapelles, l’une dans l’église de Légna, l’autre dans l’église d’Orgelet.

Aujourd’hui une partie de cette chapelle sert de bûcher pour le presbytère. Deux tombes : celle de Guillaume de Fétigny premier chanoine de St Pierre de Genève, mort le 27 décembre 1513 et sculpté en bas-relief. L’autre, celle d’un homonyme, est d’une facture plus simple.

A côté du château s’élevait une autre chapelle dédiée à Notre Dame de Lorette et abritait une statue miraculeuse vénérée lors de grands pèlerinages et on y accourait de fort loin. Elle a été reconstruite récemment par Claude François Joseph CLABAUD enfant du pays devenu chanoine de Meximieux.

Bibliographie : Annuaire du Jura 1848 ; sources, Archives de la Préfecture du Jura, Cegfc : Centre d’entraide généalogique de Franche-Comté.

 

 

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